Critique #3 : Cyril Mokaieh - Naufragés

Cyril Mokaiesh - Naufragés

On a connu Cyril Mokaiesh très rock, énervé, revendicatif ... et même communiste.

Ca les perdra de cocconer le patronat, de "boucléiser" l'élite / qui t'embauche et qui profite

Mais ça, c'était avant. Avec ce troisième album solo (+ 1 en groupe), le ton est très différent. Le chanteur a décidé de rendre hommage à des auteurs trop méconnus du grand public. C'est ainsi qu'on retrouve des textes et chansons de Jacques Debronckaert, Jehan, Philippe Léotard, Pierre Vassiliu, Vladimir Vissotski, Allain Leprest, Mano Solo, Stephan Reggiani, Daniel Darc et Bernard Dimey. Que des grands noms qui n'ont malheureusement jamais (ou si peu) toucher le grand public.

Et si le titre du disque, "Naufragés", fait bien sûr référence à la chanson "Nu" de Allain Leprest (Nu, j'ai vécu nu, naufragé de naissance), on peut penser que ce terme s'adresse aussi aux auteurs des titres repris ici, qui sont en quelque sorte des naufragés de la chanson.

Ce disque est fait de plusieurs bonnes idées :

Premièrement, le fait de reprendre ces grands auteurs trop méconnus permet de découvrir ou redécouvrir des textes majeurs.

Ensuite, l'envie de reprendre cela en piano-voix permet d'apprécier à leurs juste valeur ces écrits.

Enfin, Mokaiesh a l'excellente idée de ne pas trop théâtraliser ces interprétations, de ne pas trop en faire, de rester dans la sobriété. Et, paradoxalement, c'et ce qui donne toute sa force à ce disque.

Si sur certains titres, il parle plus qu'il ne chante, cela n'est pas dérangeant. On écoute, complètement happé par la beauté des textes mise en valeur par une voix de qualité d'un chanteur particulièrement émouvant et le piano virevoltant de Giovanni Mirabassi.

Petite fierté nationale, ce disque fût enregistré, chez nous, aux mythiques studios bruxellois ICP. On ressort de ce disque ému, complètement retourné avec une seule envie, se replonger dans les textes de ces grands auteurs et les imaginer avec la voix de Cyril Mokaiesh ...